Semaine « Bye bye, my brother » (4/6)

Sur le site de monsieur Yanagawa, vous pouvez retrouver la liste complète des personnages de Bye bye, my brother. Première partie, de haut en bas : Nido (le héros), Shirô son jeune frère, Adam (le Dieu de la mort – mon perso préféré !), le chef yakuza (mon second perso préféré !), Yûji son bras droit et Jirô le jeune boxeur à la carrière prometteuse. La seconde partie, toujours de haut en bas, présente les protagonistes de la nouvelle finale : Umiko (l’assistante sociale), Nido, Adam, Shirô, le vieil homme de la rue, Tomo (le fils d’Umiko) et Mamoru (le collègue d’Umiko).

En bonus, le mangaka a aussi réalisé deux dessins en couleurs (les images sont toujours cliquables) :


Bye bye, my brother (Nido)
© Yoshihiro Yanagawa 2011

Bye bye, my brother (Adam)
© Yoshihiro Yanagawa 2011

Ce qui me permet d’aborder la question de la couleur dans Bye bye, my brother, évoquée dans la chronique de Coin BD (« cet album impressionne par l’utilisation de teintes de gris (à priori un traitement à l’aquarelle, aucune trame n’ayant été utilisée ici) »). En effet, Yoshihiro Yanagawa n’utilise plus les trames (feuilles adhésives avec différents motifs) car il préfère travailler avec des feutres à alcool de la marque Copic, utilisée par la majorité des mangakas (voir un billet explicatif parfaitement complet sur ce blog). Outre l’aspect esthétique, cette technique lui procure deux avantages. Le premier est un gain de temps considérable. Le second est une économie d’assistants. Avec le temps, monsieur Yanagawa préfère travailler seul car il trouve contreproductif de devoir apprendre et expliquer des choses qu’il aurait plus vite fait de réaliser lui-même.

Du coup, perd-on quelque chose avec l’impression française en noir et blanc ? Oui et non. Non, parce que l’édition française est un fac-similé de la version japonaise (Enfin, non ! Vous avez droit en plus à une postface et un autoportrait exclusifs de l’auteur !). Non, parce que, malgré le nuancier de 358 couleurs Copic, le mangaka n’a travaillé qu’en nuance de gris… ou presque. Mais oui, car certaines planches ont été réalisées avec une gamme de couleurs plus variées, comme les toutes premières (mais c’est le cas dans beaucoup de mangas). Et comme vous avez de la chance, elles sont disponibles en Flash sur le site de monsieur Yanagawa, appréciables en mode plein écran. Juste pour le plaisir des yeux !

Bye bye, my brother
© Yoshihiro Yanagawa 2011

Et pour finir, voici un dessin promotionnel réalisé pour les acheteurs japonais en 2011 :

Bye bye, my brother
© Yoshihiro Yanagawa 2011

Semaine « Bye bye, my brother » (3/6)

C’est donc hier qu’est sorti en librairie le one-shot Bye bye, my brother. Mon libraire, qui a du goût, en a d’ailleurs pris une dizaine !

Yanagawa 11

Évidemment, l’auteur lui-même est très heureux de cet évènement et n’a pas manqué de le dire sur son blog. Ce qu’il ignore encore à l’heure où je vous écrit ces lignes, c’est que de nombreuses critiques du livre ont déjà fleurit sur la toile et qu’elles sont extrêmement positives (même si je n’ai pas forcément le même ressenti que certains chroniqueurs). Je suis donc très content que son travail soit reconnu par la critique, et j’espère que son talent sera récompensé comme il le mérite par des ventes conséquentes !

Pour ceux qui hésiteraient encore à se faire un avis, vous pouvez « lire » en japonais le premier chapitre sur le site du magazine IKKI (Shôgakukan). Mais je vous déconseille d’aller au-delà de la page 10 dans la barre d’adresse, car on arrive à la partie spoil et vous risquez de perdre en émotion lors de la vraie lecture du titre.

* * *

Comme vous pourrez le voir dans la postface, Bye bye, my brother est né d’une volonté de Yoshihiro Yanagawa de réaliser une œuvre plus personnelle. Il a donc soumis son projet à différents éditeurs qui lui ont demandé des modifications par rapport au concept initial avant de finalement refuser de le publier. Depuis cette expérience, monsieur Yanagawa ne veut plus faire de concessions avec les éditeurs s’il sent qu’il tient une bonne histoire. Lorsqu’il la proposa à l’hebdomadaire Manga Sunday (devenu bimensuel en juin dernier), le mangaka fut relativement libre d’écrire ce qu’il voulait (même s’il dû concéder l’un ou l’autre compromis), mais n’eut pas le droit de voir son œuvre paraître en recueil (trop courte, pas assez populaire dans le magazine…). Manga Sunday est un magazine pour adultes qui présente plusieurs séries culinaires et des récits de mafieux (et quelques Tezuka comme L’homme qui aimait les fesses ou Debout l’humanité). De fait, monsieur Yanagawa n’a jamais vraiment compris comment cette histoire avait pu être acceptée tant elle était à l’opposée de la ligne éditoriale, ne serait-ce que par son approche familiale. Car oui, Bye bye, my brother est avant tout une fiction grand public. Tous les sites français classent la série en fonction de son magazine de prépublication (en seinen, donc), mais c’est une aberration totale. Depuis quelques années maintenant, je pense que les classification nipponnes (shônen, shôjo et seinen) sont réductrices et pénalisent plus les séries qu’elles ne les servent. Je reviendrai d’ailleurs là-dessus dans les semaines qui viennent car c’est mon nouveau cheval de bataille. Quoi qu’il en soit, Bye bye, my brother s’est retrouvé doublement classé seinen par un simple concours de circonstances et la difficulté pour l’auteur de trouver un éditeur/magazine qui le laisse s’exprimer. Les six chapitres de l’histoire de Nido sont donc parus sous le titre de Neko to kikansha (« Le chat et la locomotive ») dans Manga Sunday à partir de mai 2010.

Previews de la prépub d'origine "Neko to kikansha" © Yoshihiro Yanagawa Jitsugyô no Nihonsha 2010

Previews de la prépub d’origine
Neko to kikansha © Yoshihiro Yanagawa
Jitsugyô no Nihonsha 2010

Après bien des péripéties, Yoshihiro Yanagawa a tenté sa chance en participant à un concours organisé par le mensuel IKKI (dont sont issus des titres comme Les Enfants de la mer ou Dorohedoro) dont le premier prix était une publication en volume relié. La réponse est tombée fin mai 2011 dans le n°100, doublement collector, et le volume relié est sorti chez Shôgakukan le 30 novembre de la même année, complété par une histoire de 50 pages inédite écrite spécialement pour l’occasion entre juin et septembre. Le titre définitif fut (Bye bye, my brother) Bye bye, niini. ~ Neko to kikansha, dont Casterman a conservé le surtitre en anglais.

Semaine « Bye bye, my brother » (2/6)

(Les images de ce billet et du précédent sont cliquables.)

Lorsqu’il arrête le lycée, Yoshihiro Yanagawa veut devenir architecte, mais s’oriente finalement vers le manga (le travail sur les planches lui semble alors assez similaire). Après avoir envoyé des histoires à deux magazines, sans succès, son grand-père lui suggère alors d’être plus ambitieux. Il participe donc au Prix Tezuka (organisé deux fois par an par Shûeisha), où il accède à la troisième place en 1989 (neuf ans après Masakazu Katsura [Zetman]) avec Zig-zag syncopation. Il devient ensuite l’assistant de Tsukasa Hôjô sur City Hunter, à partir du volume 25, et jusqu’à la fin de la série. Il est chargé de dessiner les décors et les animaux. Pour l’anecdote, si vous avez vu passer un chien avec de la morve au nez, c’était lui ! Une blagounette récurrente dont il semble assez fier…

Yanagawa 06City Hunter © Tsukasa Hôjô / Shûeisha Inc. 1992
Extrait du tome 34 (première édition) ou du 31 (édition de luxe).
© Panini Comics 2010 pour la version française
Yanagawa 07

Il a d’ailleurs récidivé avec ce gag dans Gloria, des années après :

Yanagawa 08Gloria © Yoshihiro Yanagawa / Shûeisha Inc. 2000

Et, comble de l’ironie, il s’est abstenu dans Hurricane Trimmer, où les chiens étaient traités avec sérieux et réalisme du fait de leur statut de personnages principaux. Là, c’est un humain qui apparait avec la goutte au pif !

Yanagawa 09

Yanagawa 10Hurricane Trimmer © Yoshihiro Yanagawa / Nihon Bungeisha Inc. 2008

Semaine « Bye bye, my brother » (1/6)

Nobuhiko Horie fut rédacteur en chef du célèbre Weekly Shônen Jump (Naruto, One Piece…) entre 1993 et 1996, au moment où le magazine a battu tous ses records de tirages (montant jusqu’à 6,53 millions d’exemplaires hebdomadaires – soit 2 fois plus qu’aujourd’hui !) mais aussi où il a dit adieu à deux titres phares qui lui ont coûté de nombreux lecteurs (Dragon Ball en 1995 et Slam Dunk en 1996). En 2000, cet ancien responsable éditorial de Tsukasa Hôjô (Cat’s eye) et Tetsuo Hara (invité d’honneur de Japan Expo 2013) décide de quitter Shûeisha qui l’employait depuis 1979 pour s’associer avec ses deux poulains, Akira Kamiya (qui doubla dans les années 80 Ryô Saeba, héros culte du premier, et Kenshirô, héros culte du second) et, moins connu chez nous, Ryûji Tsugihara, afin de monter une entreprise commune, Coamix.

En mai 2001, Coamix lance son propre magazine, Comic Bunch, qui emploie alors plusieurs ex-auteurs de Shûeisha, dont Yoshihiro Yanagawa. A l’époque, en tant que grand fan de Tsukasa Hôjô (qui a depuis baissé dans mon estime…), je ne pouvais laisser passer ce nouvel hebdomadaire et je me suis rué sur son numéro 1. Outre le premier chapitre d’Angel Heart, c’est le début de Nemuri Kyôshirô, récit de samouraï dessiné par monsieur Yanagawa d’après une série de romans de Renzaburô Shibata, qui a littéralement attiré mon attention. J’ai tout de suite aimé son style relativement réaliste, qui rappelait parfois celui de Hôjô, et sa façon de traiter les visages.

Yanagawa 01Ci-dessus, le premier tome du roman et un extrait
du premier chapitre du manga en prépublication.
Nemuri Kyôshirô
© Yoshihiro Yanagawa
Coamix / Shinchôsha Inc. 2001

La série a duré jusqu’en 2004 et s’est étalée sur 10 tomes. C’est à ce jour la plus longue de l’auteur, et de loin. Elle a ensuite laissé la place, toujours dans le Comic Bunch, à Saite Magoichi (2003-2005, 5 tomes), un autre manga d’époque mettant cette fois en scène un pompier à l’ère d’Edo.

 Yanagawa 04 Une autre planche de Nemuri Kyôshirô et quelques
couvertures des tomes reliés de Saite Magoichi.
Nemuri Kyôshirô
© Yoshihiro Yanagawa
Coamix / Shinchôsha Inc. 2001

A ce moment-là, je tenais une rubrique mensuelle d’une page dans Animeland qui se nommait « Manganews ». Le concept était simple : je présentais à chaque fois 3 chroniques de mangas inédits en France et toujours en cours au Japon (généralement mes coups de cœur). Fin 2003, j’avais décidé de parler de Nemuri Kyôshirô et le hasard a voulu que ça tombe pile au moment de la transition entre les deux séries de l’auteur et mon premier séjour au Japon. Du coup, j’ai dû réécrire en urgence ma chronique qui fut ainsi consacrée à Saite Magoichi (et qui contenait deux ou trois données erronées – comme le titre de la série, suite à une mauvaise lecture d’un kanji). Pour les curieux, je vous renvois au numéro 97 d’AL (décembre 2003 / janvier 2004).

Yanagawa 03En haut, la couverture du 1er Comic Bunch. En bas,
celle du numéro contenant le 1er chapitre de
Saite Magoichi, acheté directement au Japon !

De ces 5 années de publication hebdomadaire, Yoshihiro Yanagawa ne garde pas un formidable souvenir. D’abord, parce que le rythme de travail était infernal (6 jours sur 7, plus une demi-journée de réunion éditoriale), ensuite parce qu’il n’était pas forcément libre de faire tout ce qu’il voulait, et, enfin, parce que les récits d’époque nécessitent une énorme rigueur graphique (et un gros travail de documentation).

Yanagawa 02Un autre extrait du premier chapitre de  Nemuri Kyôshirô
en prépublication et deux couvertures de tomes reliés.
Nemuri Kyôshirô
© Yoshihiro Yanagawa
Coamix / Shinchôsha Inc. 2001

De mon côté, moins emballé par cette histoire de pompier, j’ai préféré me pencher sur Kijimu, un recueil plus ancien (2000) de trois histoires courtes (deux fantastiques autour du petit Kijimu qui se balade le kiki à l’air en Amérique du Sud, et Gloria, un western pêchu et sexy), et ce n’est que l’an dernier que j’ai mis la main sur les 5 tomes de Saite Magoichi.

Par la suite, poussé par une espèce de curieux sixième sens, j’ai eu le chic pour faire un tour sur le site de l’auteur à chaque fois qu’il s’est mis à avoir une actualité : avec Hurricane Trimmer en 2008 et Neko to kikansha en 2010. A la lecture du premier, je n’ai pas pu m’empêcher d’en parler dans Animeland (n°140, avril 2008), tandis que pour le second, ayant raté le coche de quelques mois, j’attendais une éventuelle sortie en volume relié…

Yanagawa 05De gauche à droite : Kijimu, Nemuri Kyôshirô,
Saite MagoichiHurricane Trimmer
et Bye bye my brother.

(Résolution n°1 pour 2013 : mettre la main sur les derniers mangas qu’il me manque pour avoir l’intégralité de ses œuvres !)

D’ailleurs, maintenant que j’y pense, bonne année à toutes et à tous !

Bye bye, my brother

A l’occasion de la sortie en librairie ce mercredi de Bye bye, my brother de Yoshihiro Yanagawa chez Sakka, je vous donne rendez-vous tous les jours de la semaine pour des billets originaux autour de cette œuvre très particulière. A demain matin pour le premier d’entre eux !

Bye bye, my brother
Yoshihiro Yanagawa
Sakka
Adaptation française : Sébastien Kimbergt (à partir d’une traduction de Kayo Nishino)
PVP : 7,95 euros

bye-bye-my-brother petite

Résumé :« Nido, ancien boxeur prodige réduit à la misère, a vu ses rêves de gloire détruits par un accident qui lui a coûté sa jambe. En outre, la mort de son jeune frère survenue il y a déjà bien longtemps le hante encore, tout comme la culpabilité ne cesse de le ronger. Solitaire, sans espoir, retrouvera-t-il l’envie de rêver à nouveau ? »