Le premier mardi, c’est permis ! (2) (+ 18 ans)

*** Semaine Spéciale Shûkan Shônen Sunday ***

Pour ce second billet de la catégorie « Le premier mardi, c’est permis », dont Stéphie est l’instigatrice, j’ai décidé de vous parler ce mois-ci d’une série de parodies hentai du Weekly Shônen Sunday de Shôgakukan parues dans les années 1990.

Évoquons rapidement la série de dôjinshi « Sample », réalisée par le studio éponyme, dont les couvertures des derniers numéros (9 – 9.25 – 9.5) parodiaient explicitement l’hebdomadaire.

Kera / Kokera © Studio Sample 1996 / 1997
D’après Jaja uma grooming up ! de Masami Yûki
100 pages – 48 pages – 46 pages

Mais c’est surtout des Shûkan Seinen Sunday (習慣性年サンデー) de Seigakukan (性学館) dont je souhaitais vous parler. Il s’agit d’une série de fanzines coquins qui auraient été publiés entre 1994 et 1997 lors de différentes éditions du Comic Market. Il existe semble-t-il six numéros d’une quarantaine de pages chacun, plus une anthologie de 232 pages parue en 1999. Si les visuels de couvertures sont très faciles à trouver sur le net, les informations relatives à leurs publications originelles, leur pagination et leur contenus exacts sont beaucoup plus obscures. Ainsi, les dôjinshi sont-ils numérotés de 2 à 7. Mais si le 7 semble être le dernier (« The Last Sunday »), rien n’infirme vraiment l’existence d’un numéro 1 (alors qu’il y a un visuel dans l’anthologie de 1999), pas plus que je n’aie la certitude que la publication ait été chronologique (seul ce numéro 7 indique une année de parution sur sa couverture – 1995). Il est d’ailleurs probable que la chronologie exacte soit la suivante : 2 – 4 – 7 – 3 – 5 – 6. Et puisque le 5e numéro propose une parodie de Monkey Turn, une série qui n’a débuté qu’en 1996, il a forcément dû sortir après le 7. Pourquoi ? Mystère !


© Taheebo 1995

Plus surprenant, ce site (qui ne fait pas mention d’un premier opus) indique que Satoshi Shiki (XBLADE chez Pika) et Akihiro Itô (Wilderness chez Pika et Geobreeders chez Doki-doki) auraient participé à ces ouvrages (ou au moins fait partie du cercle qui les a produit). Info ? Intox ? Je laisse aux gens qui ont du temps libre le soin de creuser cette piste et de m’informer plus tard du résultat de leurs recherches (merci d’avance !).

Enfin bon ! On n’est pas venu là pour faire du journalisme d’investigation mais pour se rincer l’œil, pas vrai ?

© Taheebo 1999

Cette édition spéciale du Shûkan Seinen Sunday reprend donc des parodies de sept séries du magazine original de Shôgakukan : Jaja uma grooming up!, Urusei Yatsura / Lamu, Obi wo Gyuttone!, Karakuri Circus, Ghost Sweeper Mikami, Monkey Turn et Kyûkyoku Chôjin R. Il s’agit principalement de reprises des dôjinshi 2, 5 et 6, ainsi qu’un autre intitulé Chichikuri Circus 2. La maquette ressemble assez à celle du Shônen Sunday dont l’esprit est respecté. La durée des histoires est variable et toutes sont complétées par des bonus explicatifs. Ainsi, à la fin de Saru mawashi, on apprend par exemple comment l’auteur est passé de Monkey Turn (モンキーターン) à Saru mawashi (輪姦) pour un mauvais jeu de mot dont il est lui-même désolé. L’ensemble s’achève sur une série d’illustrations (les couvertures initiales, donc) ainsi qu’une postface de l’auteur en BD. Mais quid du contenu, alors ? Eh bien, du sexe à tous les étages, mais censuré, comme d’habitude ! Ce qui m’a frappé, aussi, c’est le manque de finition des planches : peu de trames ou d’aplats noirs (sauf pour la censure), voire des pages complètes simplement crayonnées. De quoi ôter une partie du côté sexy de la chose. Et la lecture perd énormément de son intérêt quand on ne connait pas les œuvres originales. Du coup, seuls les fans de Lamu ou de Karakuri Circus seront vraiment comblés, entre autres en voyant Shirogane se servir de sa marionnette comme d’un sex-toy. Et l’un des deux ne restera pas de bois ! Pour le reste, c’est un peu bof bof quand même…

Pour les petits cochons curieux, cette édition spéciale est disponible sur plusieurs sites de vente japonais mais aussi trouvable illégalement sur le net en intégralité.

Précision utile : Pour les néophytes et afin d’éviter toute méprise, sachez que « shûkan » signifie « semaine » en japonais, ce qui explique pourquoi il est parfois question de « Weekly Shônen Sunday » et parfois de « Shûkan Shônen Sunday« . Mais il s’agit bien d’un seul et même magazine, qui porte simultanément deux noms, et qu’on abrège souvent par « Shônen Sunday » ou simplement « Sunday« .

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Le premier mardi, c’est permis ! (1) (+ 18 ans)

Ce qui est intéressant, avec Internet, c’est qu’on peut avoir accès, à peu près n’importe quand, à l’avis d’à peu près n’importe qui sur n’importe quoi. Parfois, les gens brassent de l’air, se regardent le nombril ou déversent simplement leur bile. Et au milieu apparaissent des avis éclairés et quelques bonnes idées. Ainsi ai-je découvert il y a quelques mois sur la blogosphère « lectrices » une initiative originale, sinon rigolote, celle de Stéphie et ses lectures inavouables du premier mardi du mois.

Une initiative qui fait des émules sur la blogosphère depuis l’été dernier et qui donne des textes parfois amusants (voir les deux chroniques vraiment jubilatoires sur L’amant éternel de Cécile et Heclea, par exemple). J’ai donc décidé de me prêter au jeu à mon tour, même si, pris par le temps, cette première chronique sera très classique sur la forme.

* * *

Fin novembre, j’ai été contacté par l’un des journalistes qui a travaillé sur le documentaire Sex in the comics, diffusé sur Arte fin janvier. N’étant pas spécialiste du manga érotique, j’ai entrepris de faire des recherches sur le web pour tenter de répondre à ses questions afin de l’aider du mieux possible. Je me suis alors rapidement trouvé plongé dans les méandres des fanzines (dôjinshi) mangas pornos. Un lieu aussi tentaculaire que des personnages d’Urotsukidôji, où l’on a vite fait de se perdre si on n’y prend pas garde. Il y a alors plein de choses à lire et à voir, du très bon, comme du très médiocre, du très sexy, comme du très… euh… beurk ? On n’imagine pas – quand on a une âme pure et innocente comme la mienne – tout ce que l’industrie amateure peut produire comme parodies cochonnes sur les séries à succès. Sachant que deux sous-genres principaux s’affrontent, les femmes avec des seins deux fois plus gros que la tête et les petites filles, la sélection en fonction des goûts s’affine très vite. En gros. Pour caricaturer. Par curiosité un peu malsaine, j’ai quand même jeté un œil à quelques dôjinshi de One Piece, LE carton manga actuel dans le monde. Voici le Top 3 de ceux qui m’ont marqué :

Number three !

Nippon Practice 2

© Niku Ringo (Beef & Apple) 2008

Nami et Nico sont sur un bateau, des pirates leur tombe sur le dos, gare à leurs roploplos ! Alors celui-là, il est juste écœurant. Le style graphique est totalement maitrisé, tant au niveau technique que dans la réappropriation des personnages d’Eiichirô Oda, là, rien à redire ! Mais je suis intimement persuadé que tout est fait pour rendre les scène de sexe le moins érotique possible. Et je ne sais pas ce qui est le pire, les narines ramenées en arrière façon groin de cochon ou bien les paquets de persil sous les bras ? La preuve en image !

Alors ? Toujours sexy, Nico Robin ?

Le dôjinshi fait 42 pages, dont une vingtaine pour le récit principal. Le reste est composé d’illustrations et de notes diverses.

Number Two !

Melon Hancock san

© Fuyuki Inaba 2009

Parodie de la rencontre entre Luffy et Boa Hancock (tome 53), cette histoire de 26 pages est assez rigolote (au moins au début et à la fin) et raccroche bien au récit original. Graphiquement, l’esprit d’Oda est respecté même si le trait du ou des dessinateurs peut davantage se perfectionner. La scène de sexe, en revanche, est longue et pas des plus excitantes. Loin s’en faut.

Number One !

Shiawase PUNCH ! 3

© YU-RI (cercle Kurione-sha) 2002

Nous sommes au début de la série. Moment de calme. Sanji prépare la popote pour Luffy, Zorro, Pipo et Nami, qu’il s’apprête à emballer par la même occasion grâce à ses talents culinaires. Et alors… Et alors… Et, et, Zorro est arrivéééé…  Sans s’presser. Le grand Zorro, le beau Zorro. Sans son ch’val ni son grand chapeau, mais avec son gros miko. Kof kof kof ! Sanji s’est fait griller la politesse par Zorro et Nami passe à la casserole ! (Voilà pourquoi les hommes ne font pas la vaisselle, d’habitude !) J’aime tout dans cette petite histoire de 40 pages : les dessins un peu 90’s, la mise en page, l’humour, le sexe consentant et consenti, l’érotisme léger, l’importance du plaisir de la fille, et même le semblant de trame. Si l’occasion se présente, je jetterai peut-être un œil aux 5 autres épisodes…

* * *

L’info en + : En mettant ce billet au propre, je suis tombé sur un autre dôjinshi basé sur le personnage de Boa Hancock, Ebi hime jûrin. Apparemment, il date de fin 2011 et aurait été produit pour le 81e Comiket. Force est de reconnaître que d’un point de vue technique, ce récit de 26 pages se place clairement dans le haut du panier, voire au-dessus des autres. Dommage qu’il mette en scène un viol collectif.

© Pico 2011