Ce qui est intéressant, avec Internet, c’est qu’on peut avoir accès, à peu près n’importe quand, à l’avis d’à peu près n’importe qui sur n’importe quoi. Parfois, les gens brassent de l’air, se regardent le nombril ou déversent simplement leur bile. Et au milieu apparaissent des avis éclairés et quelques bonnes idées. Ainsi ai-je découvert il y a quelques mois sur la blogosphère « lectrices » une initiative originale, sinon rigolote, celle de Stéphie et ses lectures inavouables du premier mardi du mois.
Une initiative qui fait des émules sur la blogosphère depuis l’été dernier et qui donne des textes parfois amusants (voir les deux chroniques vraiment jubilatoires sur L’amant éternel de Cécile et Heclea, par exemple). J’ai donc décidé de me prêter au jeu à mon tour, même si, pris par le temps, cette première chronique sera très classique sur la forme.
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Fin novembre, j’ai été contacté par l’un des journalistes qui a travaillé sur le documentaire Sex in the comics, diffusé sur Arte fin janvier. N’étant pas spécialiste du manga érotique, j’ai entrepris de faire des recherches sur le web pour tenter de répondre à ses questions afin de l’aider du mieux possible. Je me suis alors rapidement trouvé plongé dans les méandres des fanzines (dôjinshi) mangas pornos. Un lieu aussi tentaculaire que des personnages d’Urotsukidôji, où l’on a vite fait de se perdre si on n’y prend pas garde. Il y a alors plein de choses à lire et à voir, du très bon, comme du très médiocre, du très sexy, comme du très… euh… beurk ? On n’imagine pas – quand on a une âme pure et innocente comme la mienne – tout ce que l’industrie amateure peut produire comme parodies cochonnes sur les séries à succès. Sachant que deux sous-genres principaux s’affrontent, les femmes avec des seins deux fois plus gros que la tête et les petites filles, la sélection en fonction des goûts s’affine très vite. En gros. Pour caricaturer. Par curiosité un peu malsaine, j’ai quand même jeté un œil à quelques dôjinshi de One Piece, LE carton manga actuel dans le monde. Voici le Top 3 de ceux qui m’ont marqué :
Number three !
Nippon Practice 2
© Niku Ringo (Beef & Apple) 2008
Nami et Nico sont sur un bateau, des pirates leur tombe sur le dos, gare à leurs roploplos ! Alors celui-là, il est juste écœurant. Le style graphique est totalement maitrisé, tant au niveau technique que dans la réappropriation des personnages d’Eiichirô Oda, là, rien à redire ! Mais je suis intimement persuadé que tout est fait pour rendre les scène de sexe le moins érotique possible. Et je ne sais pas ce qui est le pire, les narines ramenées en arrière façon groin de cochon ou bien les paquets de persil sous les bras ? La preuve en image !

Le dôjinshi fait 42 pages, dont une vingtaine pour le récit principal. Le reste est composé d’illustrations et de notes diverses.
Number Two !
Melon Hancock san
Parodie de la rencontre entre Luffy et Boa Hancock (tome 53), cette histoire de 26 pages est assez rigolote (au moins au début et à la fin) et raccroche bien au récit original. Graphiquement, l’esprit d’Oda est respecté même si le trait du ou des dessinateurs peut davantage se perfectionner. La scène de sexe, en revanche, est longue et pas des plus excitantes. Loin s’en faut.
Number One !
Shiawase PUNCH ! 3
© YU-RI (cercle Kurione-sha) 2002
Nous sommes au début de la série. Moment de calme. Sanji prépare la popote pour Luffy, Zorro, Pipo et Nami, qu’il s’apprête à emballer par la même occasion grâce à ses talents culinaires. Et alors… Et alors… Et, et, Zorro est arrivéééé… Sans s’presser. Le grand Zorro, le beau Zorro. Sans son ch’val ni son grand chapeau, mais avec son gros miko. Kof kof kof ! Sanji s’est fait griller la politesse par Zorro et Nami passe à la casserole ! (Voilà pourquoi les hommes ne font pas la vaisselle, d’habitude !) J’aime tout dans cette petite histoire de 40 pages : les dessins un peu 90’s, la mise en page, l’humour, le sexe consentant et consenti, l’érotisme léger, l’importance du plaisir de la fille, et même le semblant de trame. Si l’occasion se présente, je jetterai peut-être un œil aux 5 autres épisodes…
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L’info en + : En mettant ce billet au propre, je suis tombé sur un autre dôjinshi basé sur le personnage de Boa Hancock, Ebi hime jûrin. Apparemment, il date de fin 2011 et aurait été produit pour le 81e Comiket. Force est de reconnaître que d’un point de vue technique, ce récit de 26 pages se place clairement dans le haut du panier, voire au-dessus des autres. Dommage qu’il mette en scène un viol collectif.